Je crois que j'ai pris la mauvaise route…

larouteJe suis un ptit peu embêtée parce que j’ai détesté La Route de Cormac Mc Carty, et pourtant au départ, j’étais pleine d’a priori positifs sur ce livre.

Parce qu’il m’a été recommandé et prêté par quelqu’un que j’aime beaucoup et qui l’a adoré, et puis aussi parce que TOUT LE MONDE, si si TOUT LE MONDE (surtout mes amis) encense cet ouvrage. Donc je l’ai ouvert, avec enthousiasme et en m’attendant à une espèce de révélation.

Mais de révélation il n’y eut point et forcément, je vais encore passer pour la relou de service qui n’aime jamais rien (promis je ne le fais pas exprès). J’ai longtemps hésité avant d’écrire cet article. Mais le résultat est quand même là, alors autant le dire, après tout, il n’y a pas de raison : j’ai détesté ce livre.

A tel point que je me suis sérieusement  demandée si la totalité de mes neurones n’avait pas été paralysés pendant l’espace temps qu’a duré la lecture de ce bouquin ou si je n’étais pas débile au dernier degré pour être passée à coté d’un ouvrage aussi unanimement porté aux nues et qui a quand même été couronné du prix Pulitzer.

Je n’en n’attendais rien de particulier. J’en savais peu de choses: ce qu’on m’en avait dit autour de moi et que l’on peut résumer en « c’est vraiment super tu verras, tu vas adorer » et ce qu’il y avait écrit en 4ème de couverture.

Et là déjà y a un GROS souci. Parce que cette 4ème de couv raconte à elle seule toute l’histoire de ce bouquin: « l’apocalypse a eu lieu. Un père et son fils errent sur une route en cherchant à éviter les canibales. »

Du coup, aucune surprise à la lecture, rien, mais genre RIEN, aucune découverte, aucun suspense, rien que de l’ennui du début à la fin. Je crois même qu’avec ce bouquin j’ai dépassé le stade de l’ennui ultime, au point d’avoir envisagé d’en abandonner la lecture. C’est extrêmement rare, car généralement je prends sur moi pour finir un livre quand je le commence. Là, seule la faible épaisseur du livre m’a motivée pour le terminer.  Cela m’a malgré tout pris pas loin de deux semaines et tout le long j’ai eu la sensation d’une punition insupportable.

Je vois bien que le « rien » qui émane de ce livre et le coté pesant de ce rien est une métaphore de l’apocalypse qu’il décrit et que c’est sensé être un habile effet de style destiné à immerger le lecteur dans l’atmosphère.
Effectivement c’est glauque, c’est probablement le seul truc de réussi d’ailleurs, la « glauquitude » ambiante de ce livre, mais moi à part l’ennui, ça ne m’a plongée dans rien. J’aurais aimé avoir envie de suivre les deux protagonistes, envie de savoir ce qui va leur arriver. Là, rien. Ecrire un bouquin pour y mettre à ce point rien dedans, faudra quand même qu’on m’explique.

Sont-ce mes attentes qui étaient trop grandes (sans doute), ou moi qui n’ai rien pigé (et j’envisage sans honte cette possibilité) ou simplement un style auquel je suis hermétique (possible)…. le résultat c’est que j’ai méchamment la sensation de m’être faite arnaquer. Comme l’impression très désagréable qu’on m’aurait volé du temps de ma vie. Et je suis un peu fâchée qu’on porte aux nue une telle coquille vide.

J’ai trouvé ce livre vraiment mauvais. Affreusement mal écrit, sans style, avec des phrases mal tournées, une narration au delà même du chiant, de l’inutilement glauque, des questionnement à peine effleurés (pourtant c’est à mon avis ce qui aurait justement rendu ce bouquin intéressant).

Effectivement un bouquin n’est pas obligé de tout dire, ni de tout raconter. Il faut bien « laisser la part d’imagination au lecteur », et ça peut même être l’objet de la choucroute. Sauf que l’ellipse est un art difficile à manier et que passé un certain stade, laisser le lecteur faire tout le boulot, ou se borner à « le petit se mit à pleurer » pour susciter une quelconque émotion/réflexion, j’appelle ça du foutage de gueule.

D’ailleurs le procédé qui consiste à ne pas nommer les personnages, je trouve ça sans intérêt.

Alors certes j’ai maintenant un 5ème dan de survie en milieu apocalyptico-cannibale, j’suis incollable pour réparer les roues de caddies, mais je ne sais pas ce qui peut passer par la tête de ce type, ni même par la tête de son gamin. Et cerise sur le gateau, j’ai trouvé les relations de ces deux là pas crédibles pour un sou.

apocalypse ou pas,

un père et son fils qui ne se parlent pas à ce point là, moi je n’y crois pas. C’est bien beau le silence (quoi qu’à l’écrit c’est quand même rapidement chiant), les non-dits genre « nan mais comme ça le lecteur pose les questions tout seul et y répond tout seul aussi »,

mais là c’est simplement pas crédible.

Soit ce gosse est le plus con que la terre ait jamais porté, soit il a peur de son père et il faut dire pourquoi (parce que vu l’attitude du père qui le couve comme une mère poule, cette option ne semble pas crédible non plus).

Il n’y a aucune logique dans les ressorts psychologiques des personnages, et l’apocalypse ne doit pas servir de prétexte à la fénéantise de l’auteur qui ne creuse rien.

Et que dire du sacrifice de la mère qui est torché en deux lignes, de la fin qui rendrait jaloux n’importe quel scénariste de téléfilm de l’après midi sur M6.

J’ai perçu ce bouquin comme une nouvelle, vaguement améliorée et dont la fin est torchée au lance pierre. Un scénar au mieux, mais certainement pas un roman. Je pense que ça ferait un bon film justement, d’ailleurs l’adaptation cinématographique est sortie il y a peu, mais j’avoue que ce livre m’a tellement soulée que ça m’a oté toute envie d’aller le voir transposé sur grand écran.

Voilà, pour toutes ces raisons, je n’ai pas aimé ce roman, et je ne conseillerai pas autour de moi non plus.

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5 Commentaires to “Je crois que j'ai pris la mauvaise route…”

  1. Hegemon :

    d’un rien , tu en écris beaucoup,
    Comme quoi l’art de combler le vide existe, …

    Ps: ecrire sur la route , n’a jamais été bénéfique , car écrire en marchant c’est dur.

  2. balbc :

    je n’ai pas lu le livre mais j’ai vu le film le 1er janvier et le moins qu’on puisse dire c’est que je n’ai pas aimé du tout…
    la pesanteur, la glauquitude comme tu le dis justement, l’absence « d’explications » sur le but des protagonistes, ce qui s’est passé etc etc… ajouté à une atmosphère pesante et une image grise.
    Pénible.

  3. Audrey A. :

    Ah mais la voilà ta critique 🙂
    de toute façon, les goûts, les couleurs et les sensibilités hein… Par contre, c’est ce qui justement m’a percutée, le fait qu’on les découvre sur la route, qu’on les y laisse et que finalement l’enrobage de l’apocalypse, le sacrifice de la mère on s’en fout parce que justement on est pas dans un film. Et que le cœur du livre est à mon sens plutôt dans l’interrogation qu’il génère chez le lecteur sur ce qu’est que l’humain. En tout cas moi, ça l’a généré.
    Concernant le film, je n’ai du coup absolument pas accroché car ils ont scénarisé le tout en jouant sur les flash-backs et c’était précisément ce qui ne manquait pas dans le livre. Mais j’imagine que c’est une attitude logique de ne pas souffrir un film après en avoir lu le livre (en tout cas c’est assez vrai chez moi). 🙂

  4. Laurent :

    Ce livre m’a eu moi.
    Par surprise.
    Une sorte de gouffre cette histoire de marcher sur une route alors qu’il n’y a plus rien.
    Avoir le but d’aller jusqu’à la mer, alors que même là-bas il n’y a plus rien.
    Et dans ce rien, vaut il encore le cout de considérer le bien meilleur que le mal. Est-il encore la peine de se conduire en être humain ?

  5. LuckySlug :

    @Laurent: là c’est toi qui fait le boulot à la place de l’auteur. A aucun moment il ne pose les questions que tu suggères.

    Et s’ils vont vers la mer c’est bien parce qu’ils ont l’espoir qu’il y ait quelque chose. Donc c’est pas une enigme, ça ne pose aucune question.
    Ce qui aurait été intéressant (enfin je trouve) c’est que justement il nous raconte ce qu’il se passe dans la tete des protagonistes.
    là c’est du descriptif sans intéret.

    Moi j’aurais aimé savoir ce qu’il y a dans la tete de cet homme là.
    Bien évidemment je peux l’imaginer. Mais dans ce cas je fais un peu le boulot à la place de l’auteur et j’aime pas ça.

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