Le Sumo ce n’est pas que pour les Japonais (ça parle de ciné mais pas que).

Aujourd’hui j’ai envie de parler de Sumô, un film super que j’ai vu dernièrement qui traite de l’obésité de façon plutôt rigolotte et décomplexée. L’histoire se passe en Israël et raconte le parcours de 4 gars obèses qui luttent à coup de régimes et s’affament pour essayer de maigrir et qui un jour décident d’arrêter de se torturer, de faire de leur corpulence un atout et se lancent dans l’apprentissage de l’art du Sumo.

C’est un genre de « Full Monty » qui aurait pour thème l’estime de soi, l’obésité mais surtout le regard que les autres posent sur nous. Comment dans une société qui prône la minceur comme idéal retrouver un semblant d’estime de soi quand on ne correspond à aucun des critères physiques de ce qui est défini comme la norme?

J’ai beaucoup aimé ce film. Pour plein de raisons. La première c’est qu’il est drôle (enfin moi j’ai ri), et qu’il traite d’un sujet qui au départ n’est pas franchement follichon d’une façon qui n’amène pas à la sinistrose et sans tomber dans le ridicule (c’est parfois à la limite mais ça passe au final plutôt bien). Les acteurs sont tous touchants et justes.

Et puis ce film parle des gros et ose les montrer. Et je trouve ça bien. Si on considère le corps des gros comme un tabou c’est à mon avis essentiellement parce que l’on n’ose pas les montrer.

Sans être simpliste, le thème est abordé sans fausse pudeur et sans chichis inutiles et avec beaucoup de tendresse.

J’aime bien ce regard là.

J’ai aussi beaucoup aimé ce film parce que je me suis sentie concernée. Et oui, je suis grosse moi aussi. Le poids, l’obésité est quelque chose qui me colle à la peau depuis toujours. Alors forcément dès que quelque chose en parle je tends l’oreille.

En plus avec la récente décision d’Air France de faire payer aux obèses un second siège, le sujet est dans l’actualité.

Beaucoup de gens sont persuadés que si les gros sont gros c’est de leur faute et qu’ils n’ont qu’à trouver la volonté de maigrir et puis c’est tout. Donc si tu ne maigris pas, c’est de ta faute. Fin du problème et démerde toi avec ta culpabilité.

JAMAIS on ne dit où cette volonté se puise (généralement dans le mépris que les autres vous renvoient). Car être gros n’est pas désagréable en soi (tant qu’on a pas de souci de santé). Ce n’est pas gênant de manger, ni handicapant en société. Au contraire.

Jamais non plus on ne parle des autres cultures où être gros n’est pas considéré comme une tare ou une faiblesse.

C’est souvent plus pour échapper aux regards de mépris que par envie de ressembler à un top model qu’on décide de maigrirl. Et pour en finir au plus vite on fait tout ce qu’on peut pour perdre du poids rapidement.

Ces réactions extrêmes qui ont fait le succès et l’enrichissement des marabouteux du régime (qui sont d’ailleurs dénoncés avec humour dans le film) n’ont jamais mené personne à la perte de poids définitive. Elles sont même l’exact contraire de ce qu’il faudrait faire. Tout le monde le sait, les gros y compris, et pourtant généralement à chaque fois on tombe dans le piège. Mais tous ces régimes induisent une notion d’effort qui fait entrer le gros dans la catégorie des gens qui se privent, font des efforts pour maitriser leur corps et lui redonnent un peu de considération aux yeux des autres.

Tout tourne autour de la culpabilité, jamais on ne parle de bien être.

Beaucoup de gens pensent que les gros veulent maigrir parce qu’ils n’aiment pas leur corps. D’ailleurs beaucoup de gens trouvent les gros moches. Certes, y a plus palpitant qu’un capiton ou un bourelet, mais cette raison là est beaucoup moins fotre que le mépris qu’on nous renvoie. Car le corps au final on s’y habitue (de la même façon qu’on s’habitue à son nez tordu, à ses cheveux qui tombent, à ses premières rides).Et puis surtout il y a des gens que ça ne dérange pas d’être gros ou d’être avec un gros. Et ça on ne le dit jamais non plus.

C’est tout cela que ce film s’attache à montrer. Le refus du mépris, de la culpabilisation. Il parle d’acceptation de soi, de tolérance aussi et tord le cou à beaucoup de préjugés avec humour et simplicité.

Mais ce n’est pas un refus revendicatif, on voit simplement des gens qui sont conscients de leurs faiblesses, les reconnaissent, mais qui veulent aussi  que l’on n’oublie pas leurs forces et qui veulent vivre leur vie sans que les autres les couvent d’un regard de pitié.

Des gens qui veulent juste qu’on les laisse être heureux sans les culpabiliser.

Bref j’ai adoré.

Crédit photo: allocine

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2 Commentaires to “Le Sumo ce n’est pas que pour les Japonais (ça parle de ciné mais pas que).”

  1. annelise :

    ah ben ça y est, j’ai envie de le voir ! Merci 🙂

  2. LuckySlug :

    @annelise : \o/ tu vas voir c’est super sympa comme film 🙂

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