Un peu de live dans ma life.

On me demande assez souvent pourquoi je fais de la photo de concert, d’où me vient cet engouement pour le live. Il faut dire que je dois paraître un peu maso car quand j’en parle, c’est souvent pour me plaindre: mes collègues ne sont pas sympas, ils me marchent dessus parfois (au sens porpre), c’est souvent la lutte en fosse, il y fait une chaleur à crever, c’est physiquement éprouvant, les fans ne sont pas toujours compréhensifs…

Ma mère trouve cette passion complètement incongrue et qui me connait un peu sait que je suis plutôt casanière comme fille.

Et pourtant je continue.

Voilà encore une addiction dont j’ai du mal à me défaire. Quand je n’en fais pas, ça me manque.

J’ai rarement pris le temps d’expliquer cette passion, et je suis un peu autiste sur le sujet, alors qu’en fait il n’y a pas de raison.

Au départ, j’ai commencé en suivant Xav au concert de Bogart and the addictives, c’était le 21 mars 2008. Un concert à la flèche d’or, cauchemar et passage obligé de tout photographe de concert débutant.

Sauf que moi, j’ignorais tout cela. J’y suis allée avec ma naiveté en étendard, mon 18-50 f2,8 tout neuf à étrenner et sans arrière-pensée. Sans challenge, sans contrainte, et je me suis amusée. D’abord parce que photographiquement j’ai trouvé ça stimulant, un vrai défi parce qu’à priori, en concert, aucune des conditions « théoriquement » nécéssaires pour faire une bonne photo ne sont réunies.

Ensuite parce que j’adore les concerts. Je suis même super bon public pour la musique live. J’aime aller écouter des artistes que je ne connais pas et faire des découvertes musicales de cette façon, beaucoup plus qu’en écoutant la musique sur mon ipod. Et puis j’aime aussi aller voir en concert mes artistes favoris.

En live il y a une athmosphère qui ne se retrouve que là, et je trouve que l’attitude d’un artiste sur scène participe aussi à son univers et à la façon dont on ressent sa musique.

Crédit photo: Rod | Le Hiboo

Faire de la photo de concert a donc été comme une évidence pour combler plusieurs de mes centres d’intérêts à la fois: la musique, le live, la photo, et assez étonnament mon besoin de solitude en photo.

Même si on est au milieu de la foule, entourés de collègues, la photo de concert c’est quelque chose que je pratique seule. Et c’est ça qui me plait. J’ai horreur des safaris photos, je ne photographie jamais rien quand j’en fais. On se sent observé par les autres ou obligés de shooter à tel moment, ça m’aggace.
En concert, je peux prendre mon temps ou pas, décider du moment opportun et de ce qui vaut la peine d’être photographié. Je suis seule à agir et seule responsable du résultat. Les gens ne me donnent pas leur avis sur ma façon de faire ou de tenir mon boitier, je me démerde, et c’est ça qui est bien.

Et puis au milieu des gens dans une salle de concert il y a une énergie très particulière que j’aime vraiment.

C’est à la fois un vrai plaisir et un challenge permanent. Essayer justement de capter ça, l’énergie, l’ambiance (ou d’ailleurs parfois le manque d’ambiance), les émotions qui passent ou pas, et les retranscrire au moyen des images c’est ça le défi et ce que j’essaie de faire. Et ce n’est pas toujours simple car encore aujourd’hui il me faut lutter contre ce réflexe pavlovien du photographe de concert débutant qui veut coûte que coûte faire des portraits en gros plan.

Je parle peu avec les autres photographes et je suis généralement assez timide avec les gens mais c’est toujours sympa de faire connaissance avec les fans (non ils ne sont pas toujours méchants). J’ai un souvenir extraordinaire de ma rencontre avec ceux de Véronique Sanson. On peut dire beaucoup de mal des chanteurs de variété mais dans le cas de Véro, entre son professionnalisme, son énergie débordante, et la gentillesse de son public, je peux dire que c’est ma plus belle expérience de live jusqu’à présent. C’est aussi mon plus grand regret photo, parce que retranscrire cette ambiance m’a été impossible compte tenu des contraintes pour shooter.

Rien ne me rend plus triste que quand un concert survolté donne une impression de « mou », ou quand la communion avec le public ne se voit pas sur les images.  Si c’est le cas c’est que j’ai merdé. Peu importe que les photos soient nettes ou floues, l’athmosphère est ce qui fait tout.

Je le vis un peu comme une remise en question à chaque fois que je sors mon boitier ou que je décharge mes cartes mémoires. C’est être obligée de tout le temps se mesurer au niveau des autres et devoir regarder objectivement mes progrès où mes faiblesses. C’est parfois très dur de voir ce que les autres réussissent à produire et de le comparer à ce qu’on a fait.

Ne manquaient plus que les occasions, de shooter, de progresser. Très vite, en avril 2008 , avec un peu de débrouillardise et d’audace, on réussi avec monsieurgaudy à décrocher un pass photo pour le concert de Caravan Palace à la Cigale. Là grosse claque, premier concert avec une fosse bondée, qui bouge, qui saute partout. J’ai encore un souvenir hallucinant de cette soirée et surtout la certitude que j’en veux d’autres des comme ça.

Et puis c’est un peu comme si la vie les circonstances m’avaient facilité les choses. Une agence qui m’invite à un concert de K à la boule noire. Là c’est l’ami beorn qui me sert de coach.

Ensuite tout s’enchaîne: un passage par le Hiboo chez qui j’apprendrais énormément, une copine qui bosse sur le festival Chorus, un pote qui me donne un contact chez Sony et grace à qui je ferai mes premières photos à l’Olympia, des contacts qui se nouent au fil des demandes de pass photo, et des collaboration avec AirtistSoul-Kitchen, Ziknation. J’en profite d’ailleurs pour remercier tous ceux qui m’ont aidée dans ce parcours semé d’embûches qu’est la quête du saint graal-pass-photo.

Cela fait maintenant un an et demi que j’ai commencé et je dois bien avouer que cette année aura été la plus riche pour moi musicalement en découvertes et photographiquement en apprentissages.

Mon seul regret c’est de ne pas avoir le temps de pratiquer d’avantage pour progresser de façon plus constante. Mais déjà du peu que je fais, le plaisir est énorme et j’espère qu’il durera longtemps.

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