Maintenant que vous avez choisi le modèle qui vous plait, il va falloir acheter le fil pour le réaliser. Là ça se complique:

Le plus souvent les patrons vous indiquent quelle laine utiliser. Chez les grandes marques ils sont même conçus spécialement pour le fil qui est vendu dans la boutique.
Si vous êtes un peu plus autonome (ou que comme moi vous trouvez le choix dans les grandes marques trop limité tant au niveau des patrons que des laines) vous irez probablement sur la toile (et donc sur ravelry ou sur tricotin) chercher des patrons et des fils à des prix plus attractifs et dans des coloris plus sympas.
J’en profite pour glisser un mot au sujet de Ravelry.
C’est un site communautaire de tricot et de crochet. Il regroupe une bibliothèque impressionnante de patrons, techniques, laines, mais aussi des forums. C’est hyper pratique, et les fonctionnalités de recherches sont vraiment bien faites. J’y suis tout le temps. Chaque utilisateur y ajoute des photos de ses réalisations ce qui permet de voir le rendu des modèles tricotés par des vrais gens et portés par des personnes ayant tous types de morphologie.
On peut aussi y voir le rendu de tous les fils vendu dans le monde (ou presque). Tu as acheté de la laine chez Berger du fil, tu veux voir ce que ça donne en pull, en gilet, en écharpe, en berêt? Un modèle te plait et tu veux des suggestions de fils ou savoir quel a été le fil le plus utilisé pour le réaliser? Avec Revelry c’est possible. Et c’est très pratique. Les utilisateurs donnent aussi leur avis sur les fils, leur tenue au lavage, est-ce que ça bouloche etc.
Le seul « hic » c’est que le site est en anglais. Mais il y a beaucoup de français qui y sont inscrits et plein de forums regroupant les tricoteur/euses francophones. C’est très utile aussi quand vous êtes bloqués sur une difficulté, il y a toujours quelqu’un pour vous aider. (ceci dit, pour moi qui parle un anglais scolaire « l’anglais du tricot » m’est venu très vite grâce au dico que j’ai trouvé sur le site de Knitspirit et je peux utiliser ravelry sans souci)
Pour en revenir à notre choix de fil, la matière et la tenue sont très importantes. Les laines n’ont pas toutes la même composition, ni la même qualité et donc pas le même rendu. Et là encore l’expérience et le goût de chacun jouent beaucoup.
Ce que je retiens de mes deux ans de tricot et presque une quinzaine de vêtements tricotés pour petits et grands, réussis ou ratés:
Les alpagas sont très « mous » ils ont donc une tenue plutôt fluide, même avec les fils épais. Fins ou moyens, ils sont parfaits pour les petits gilets et pulls qu’on mets par dessus un autre vêtement (genre les ptits pulls en col v). Épais, ils vont très bien également pour les pulls qui ont des cols drapés comme l’idlewood.
L’alpaga est souvent « poilu » et le coté « mou » rend la définition du point moins bonne. Vos torsades et points compliqués se verront moins. Les tons clairs perdent beaucoup de poils (même trop à mon avis, j’ai renoncé à les tricoter à cause de ça).
C’est un fil très chaud, résistant et qui s’étire bien au blocage mais qui reste onéreux.
Le cachemire: LE fil doux par excellence, le plus beau, le plus cher et le plus galère à entretenir aussi….
Les laines: vierges (qui souvent grattent un peu) ou mérinos (très doux et ne gratte pas, mais très fragile) ont un rendu plus « rustique ». La définition de point est meilleure qu’avec de l’alpaga et la tenue aussi. Ce sont ces fils là qui sont les plus utilisés pour les pulls et gilets. Il est possible d’en trouver de très bons marché (comme la cascade 220 wool) et dans plein de couleurs. Certains passent en machine (surtout parce que les machines actuelles ont maintenant des programmes « délicats » qui lavent à froid), mais globalement ce sont des fils qui restent fragiles et souvent boulochent.
Ils s’étirent un peu au blocage mais feutrent aussi très vite si on ne fait pas attention à la température de lavage!
Le coton: je connais mal cette matière. Je n’aime pas trop l’utiliser. Ce fil est facile d’entretien et souvent réservé aux tricots « d’été » (débardeurs, pulls légers) ou aux gens allergiques à la laine. La définition des points est très bonne quand on tricote avec ce fil. Il n’est pas élastique et ne se détend pas au blocage donc choisissez avec soin la taille que vous allez tricoter!
Les matières synthétiques:
Elles sont nombreuses. Les plus utilisées sont l’acrylique, le polyamide, et le nylon (surtout utilisé dans les fils à chaussettes).
On les dénigre beaucoup, surtout l’acrylique, mais elle est sont aussi durables que la laine, ne grattent pas forcément davantage et certains mélanges tiennent bien mieux que des fils pourtant 100% naturels. Et surtout ces matières sont souvent plus faciles d’entretien (lavage à la machine, voire sèche linge autorisé, voilà qui change la vie).
Attention toutefois, il ne faut pas repasser l’acrylique ou un fil qui en contient plus de 50%. Sous l’effet de la chaleur elle se désagrège et le fil perd de sa tenue, devient « mou » (ceci dit cela peut être un effet volontairement recherché par exemple quand on tricote un long gilet fluide).
Tous ces types de fils peuvent également être mélangés. Par exemple une pelote peut contenir 50% d’acrylique et 50% de laine. L’acrylique apporte la facilité d’entretien, la laine la chaleur et le rendu d’un fil naturel.
Selon que vous tricotez un gilet fluide ou un truc qui nécessite plus de tenue, votre choix de fil ne sera pas le même.
Si vous achetez votre laine en boutique, n’hésitez pas à demander conseil à la vendeuse et à lui montrer le modèle que vous voulez tricoter (ne lui dites pas « je veux cette laine pour en faire un gilet », c’est un peu comme rentrer chez un concessionnaire et lui dire « je veux une voiture », ayez le patron sur vous et montrez le lui!!!).
On peut obtenir des rendu plus « rigides » en tricotant la laine avec des aiguilles plus petites que prévu (et à l’inverse un rendu plus fluide en la tricotant avec des aiguilles plus grosses). Mais ce type d’expérimentations est généralement réservée aux tricoteuses plus expertes. Là encore les vendeuses sont souvent de bon conseil.
Pour ce qui est de la couleur, là vous êtes seul(e) juge. Ceci dit, c’est un point sur lequel je reviendrai plus précisément dans l’article qui aborde le thème « choisir un tricot que vous porterez ».
Une petite astuce cependant : Si vous utilisez des laines en « faux unis » qui sont très à la mode en ce moment comme les malabrigo ou madelinetosh,

assurez-vous d’avoir suffisamment de fil et du même bain pour faire tout votre pull.
Au changement de pelotes, alternez sur quelques rangs entre les deux pelotes (il m’est arrivé d’avoir des écheveaux aux teintes différentes même s’ils étaient du même bain).
Si vous faites un pull en raglan, commencez un nouvel écheveau juste avant de mettre les manches en attente, changez à nouveau d’écheveau quelques rangs après. Gardez de coté ce qu’il reste de l’écheveau que vous utilisiez au moment de mettre les manches en attente. Vous le diviserez en deux et l’utiliserez pour commencer chaque manche et ainsi être certain qu’il n’y aura pas de rupture de teinte au niveau des manches (pareil, si je vous donne cette astuce, c’est que ça m’est déjà arrivé et c’est assez rageant).
Lorsque je n’utilise pas le fil préconisé par le patron, j’essaie d’en choisir un qui ait la même grosseur et le même échantillon que celui qui est préconisé par le modèle. Je n’aime pas faire les calculs pour adapter un patron. Si vous êtes débutant, je vous le déconseille.
Ah, nous voilà arrivé à l’échantillon, le truc qui (soyons honnêtes), emmerde tout le monde! Il est vivement recommandé d’en réaliser un. Et donc je vous recommande vivement de le faire, si si…. (je ne sais pas si ça se voit que j’suis pas hyper crédible là!).
Je dois hélas avouer que sur ce plan là je suis très mauvaise élève. Je n’en fais quasiment jamais. MAIS je choisis le plus souvent des modèles qui se tricotent de haut en bas, sans couture et donc me permettent de les essayer (et donc d’ajuster si nécessaire) en cours de route (pas folle la guêpe!)
Quand je choisis des modèles construits autrement j’applique la technique de l’échantillon de feignasse!
Comment ça fonctionne?
Si l’on vous demande de réaliser un échantillon (tricoter un carré de 10 cm de côté) pour être certain que ce que vous tricoterez correspondra aux mesures qui sont indiquées dans le patron. Ces mesures sont données en hauteur et en largeur. L’échantillon permet de vérifier que vous aurez la bonne hauteur (nombre de rangs) et la bonne largeur (nombre de mailles) si vous suivez les instructions.
Quand on tricote, il est facile de modifier la hauteur (il suffit de faire plus ou moins de rangs). Par contre il est plus compliqué de changer la largeur (nombre de mailles). C’est le plus souvent de la largeur que dépend vraiment la réussite du pull. Pas assez large votre pull sera trop petit. Trop, il sera trop grand.
L’échantillon de feignasse consiste donc à vérifier uniquement la largeur de l’échantillon et pour cela pas besoin de tricoter tout un carré, quelques centimètres de haut suffisent:

Là on voit bien qu’entre les bordures de point mousse j’ai 4 inches de jersey (c’est la norme des échantillons dans les patrons en anglais). Généralement je réalise cet échantillon sur une aiguille circulaire et je fais glisser le tricot sur le fil avant de prendre la mesure. Ainsi il se comporte comme si les mailles étaient rabattues (l’aiguille resserre le tricot il est toujours un peu plus large et lâche une fois libéré de l’aiguille). Mais là c’était plus pratique pour la photo de prendre une aiguille droite.
Cette technique a toutefois une limite: normalement les échantillons doivent être lavés et bloqués. Il faut donc ne l’employer qu’avec des laines qui tiennent bien au lavage (ou alors rabattre les mailles de votre « mini-échantillon » et le laver).
Si votre échantillon ne correspond pas à ce qui est recommandé par le patron, alors soit il faut changer de taille d’aiguilles (mais attention ça va jouer sur la tenue du tricot), soit il faut changer de fil.
Faut-il privilégier la matière et prendre un fil luxueux ou le coté pratique en optant pour un fil mélangé?
Là encore le choix est surtout question de goût. Tenez compte quand même de l’usage que vous comptez faire de votre tricot.
Un pull qui sera porté très souvent, ou par des enfants risque de ne pas durer longtemps s’il est réalisé dans un fil luxueux ou fragile. Mais si vous êtes prêt(e) a en prendre grand soin et à la laver à la main, alors vous pouvez oser les fils en matières nobles.
On fait souvent la layette dans des fils tous doux et précieux tels que le mérinos et le cachemire. Et ça fait souvent le cauchemar des mamans (sérieusement vous pensez vraiment que quand on vient d’avoir un bébé on a le temps de laver quelques pièces à la main avec du mir laine et de les faire sécher à plat pendant des jours?). Pour le coup les fils bébés vendus par les grandes marques font parfaitement l’affaire et PASSENT EN MACHINE. Le rêve! (astuce : si vous cherchez des coloris plus vifs, les fils à chaussette font aussi l’affaire pour faire des pièces de layette et sont faciles d’entretien).
Les fils mèches ou en pur mérinos boulochent souvent beaucoup. Les torsades et points en relief augmentent encore le boulochage (je ne vous cache pas que ça m’aurait arrangé de savoir ça AVANT de faire tout un putain de pull en torsades).
Mon conseil : Choisissez un fil qui est le plus proche possible de ce qui est recommandé par le patron et ne pensez pas seulement à un fil doux ou joli. Lisez toujours les instructions d’entretien AVANT d’acheter. N’oubliez pas que vous tricotez un vêtement destiné à être porté (le fil doit donc supporter les frottements et pouvoir être lavé souvent).
Au début j’achetais des fils très luxueux et c’est un choix que je fais de moins en moins souvent aujourd’hui parce qu’ils sont trop fragiles et compliqués à entretenir.
Si vous avez la peau sensible, sachez que les fils grattent toujours un peu plus une fois tricotés qu’en pelote (enfin je trouve).
GARDEZ LES ÉTIQUETTES DES PELOTES (ou notez dans un calepin les instructions de lavage des pulls que vous tricotez).
Si vous offrez vos tricots, n’oubliez pas de préciser toutes ces infos à la personne à laquelle vous les donnez, en utilisant par exemple de jolies étiquettes.
Et si vous avez un doute sur l’entretien d’un fil, lavez-le à la main et dans une eau froide (mais pas glacée).
Prochain article: choisir un modèle qui vous va bien